Attaque terroriste au Colisée

À son arrivée à l'urgence, le docteur Achase vit qu'il y régnait une animation fébrile.

Un attentat au Colisée, y a eu un gros attentat au Colisée l'informa une infirmière, on attend les premières ambulances. On ne sait pas ce qui est arrivé. En plein milieu du spectacle, des gens on commencé à se sentir mal. Puis la panique s'est emparée de tout le monde. Ça tombait comme des mouches ont dit les policiers. Il y a eu une bousculade monstre dans les portes de sortie. Des centaines de personnes ont été piétinées. Ils ne savent pas si la rumeur est fondée, mais plusieurs personnes qui sont parvenues à sortir disent avoir vu des hommes masqués qui aspergeaient la foule avec des bombes aérosol en criant des trucs en arabe.

La première ambulance arriva en hurlant. C'est pas beau à voir lui dit l'ambulancier, regarde ça. Les deux patients de l'ambulance, un homme dans la quarantaine et une jeune fille dans la vingtaine étaient confus, presque comateux. On notait des fasciculations, le long des membres surtout. Ils avaient vomi et déféqué sous eux. Une bave abondante moussait aux commissures des lèvres. Le pouls était difficilement perceptible. Achase nota une importante bradycardie (environ 40 / min). Visiblement, la respiration était difficile. L'air ne passait que difficilement dans les voies respiratoires qui semblaient encombrées. La température était normale et les corps qu'on s'affairait à déshabiller à grands coups de ciseaux ne portaient aucun signe de blessures. En soulevant la paupière de l'homme, le docteur Achase fut frappé par le fort myosis, la pupille n'était pas plus grosse qu'une tête d'épingle.

Ces symptômes lui rappelaient un cas qu'il avait rencontré il y a quelques années. Qu'est-ce que c'était donc? Ah oui, un jeune garçon qu'on avait amené à l'urgence. Il présentait des symptômes semblables après avoir renversé des bidons d'insecticides dans la grange de la ferme familiale. Du malathion, je me souviens, un organophosphoré. Pouvait-on empoisonner un amphithéâtre comme le Colisée avec de l'insecticide? Il en faudrait des litres et des litres. À moins que… du sarin ! Merde, ça doit être du sarin, comme dans l'attentat de la secte Aum dans le métro de Tokyo en 95. Il faut les laver à grande eau, tout de suite, cria-t-il, eau et savon. Manipulez les vêtements avec des gants, mettez-les vite dans des sacs de plastique hermétiques. Préparez-moi de l'atropine, 2 mg IV. Du diazepam aussi. Il faut les intuber, ils peuvent arrêter de respirer a tout moment. Est-ce qu'on a de la pralidoxime?

D'autres ambulances arrivaient. La soirée allait être longue, très longue….

  1. Qu'est-ce que le sarin? Quel est le rapport avec le malathion?
  2. Comment expliquez-vous les symptômes observés?
  3. L'atropine est un antagoniste compétitif de l'acétylcholine au niveau des récepteurs muscariniques. Qu'est-ce que ça veut dire? Qu'est-ce qu'un récepteur muscarinique? Pourquoi le docteur Achase prescrit-il de l'atropine?
  4. Qu'est-ce que la pralidoxime? Pourquoi l'utiliser dans ce cas?
  5. Pourquoi intuber les patients?
  6. Qu'est-ce que le diazepam? Pourquoi l'utiliser dans ce cas ?


Gilles Bourbonnais / Cégep de Sainte-Foy