Étude de cas

 
Infarctus

Il avait neigé toute la journée. M. Bigras écrasa sa cigarette dans le cendrier qui débordait et se souleva de son fauteuil.

— Bon ben Amanda, j’m’en va pelleter l’entrée, annonça-t-il à sa femme.
— Vas-y lentement Jean-Paul, lui cria sa femme pendant qu’il sortait. Tu sais ce que le docteur t’a dit… ton angine
— Ouais, ouais…

M. Bigras se mit au travail. Au bout de cinq minutes, il était à bout de souffle. C’est alors que la douleur revint. Comme un serrement dans la poitrine accompagné d’une sensation de faiblesse dans les bras. Ce n’était pas la première fois. La douleur l’oppressait. Il se laissa tomber dans le banc de neige. Il farfouilla nerveusement dans la poche intérieure de son manteau à la recherche du petit flacon de Nitrolingual qui ne le quittait jamais. Les deux petites giclées sous la langue firent presque immédiatement effet. La douleur s’éloignait.

Je t’avais dit de faire attention, le gronda sa femme. On va pas pelleter quand on fait de l’angine. Faudrait que tu retournes voir le docteur au plus vite.

M. Bigras somnolait devant la télé. La crise d’angine était déjà loin. Les petits cognacs qu’il avait pris après sa crise l’avaient calmé. Il avait passé le reste de la soirée à écouter la télé en dévorant un gros sac de chips. C’est alors que la douleur revint. Les chips qui passent pas pensa M. Bigras en prenant une grande respiration. La douleur augmentait et ressemblait de plus en plus à celle du début de soirée. Une nausée l’envahit. Vite, le petit flacon. Cette fois-ci, la nitro ne fit pas effet. Il se sentait mal, de plus en plus mal. La douleur devenait insupportable, elle irradiait jusque dans le petit doigt de sa main gauche. En le voyant, sa femme comprit tout de suite qu’il y avait quelque chose de grave. Vite, le 911. L’ambulance arriva quinze minutes plus tard.

Il était attendu à l’urgence. L’équipe formée du médecin de garde et des infirmières avait été prévenue qu’un cas probable d’infarctus arrivait. Oxygène, morphine intraveineuse, inhalation de nitro, aspirine. Pour ces professionnels, c’était presque de la routine. On procéda immédiatement à un ECG.

Le résultat de l’électro ne laissait place à aucun doute : infarctus inférieur, onde de Pardee typique de la phase aiguë.

C’est la morphine qui fit d’abord effet. Il se sentit immédiatement soulagé. La douleur était toujours là, mais lointaine, presque anodine. Sa peur et son stress s’envolèrent aussi. Sa respiration se faisait plus difficile. Au stéthoscope, le médecin entendait nettement le gargouillement des poumons signe d’un oedème pulmonaire. On thrombolyse décréta le médecin en jetant à nouveau un coup d’œil sur l’ECG du moniteur, vérifiez dans son dossier s’il n’y a pas de contre indication. C’était une action délicate à mener, mais le cœur pouvait entrer en fibrillation d’un moment à l’autre. L’injection d’urokinase ne tarda pas à faire effet. En moins de dix minutes, l’ECG revint à la normale. La douleur disparut complètement. M. Bigras se sentait presque bien. J’arrête de fumer, dit-il le lendemain, c’est décidé, là, j’arrête. Ça fait au moins quinze fois que tu dis ça soupira Amanda et tu devrais aussi maigrir un peu.

On le garda sous observation à l’hôpital les cinq jours suivants. Avant de partir, son cardiologue le soumit à un tapis roulant. Les résultats l’incitèrent à demander aussi une coronarographie. Le diagnostic était clair. Trois athéromes bloquaient des coronaires. L’infarctus qu’avait fait M. Bigras avait en plus dangereusement affaibli le cœur. Le cardiologue hésitait. Valait-il mieux essayer une angioplastie et poser un Stent ou y aller avec un pontage? Chose certaine, si M. Bigras n’arrêtait pas de fumer et si on ne faisait rien, ses jours étaient comptés.

  1. Pourquoi M. Bigras a-t-il ressenti une douleur en pelletant ? Pourquoi cette douleur a-t-elle été soulagée par le Nitrolingual (qu'est-ce que c'est)? De quelle maladie souffre M. Bigras ?
  2. M. Bigras a fait un infarctus. Qu’est-ce qu’un infarctus? Que s’est-il passé dans le cœur de M. Bigras?
  3. Pourquoi lui a-t-on donné de la morphine et de l’aspirine à son arrivée ?
  4. Qu’est-ce que la thrombolyse ? Pourquoi est-ce délicat à administrer ?
  5. Qu’est-ce que la fibrillation ?
  6. Pourquoi a-t-il fait un oedème pulmonaire ? Quel est le lien avec son infarctus ?
  7. M. Bigras était-il à risque de faire un infarctus ? Pourquoi ? Quels sont les facteurs de risque ?
  8. Pourquoi le médecin envisage-t-il de faire un pontage ou une angioplastie ? Qu’est-ce qu’une coronarographie ? Un Stent?
Mots clés : infarctus (stroke), angine, athérome, athérosclérose (atherosclerosis), nitroglycérine, électrocardiogramme (ECG), fibrillation, thrombolyse, Stent, Angioplastie, pontage, coronarographie.
Gilles Bourbonnais / Cégep de Sainte-Foy